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U-003-264 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-264

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    2009.
















LE MONDE - 20 décembre 1977 - Page 35

Le Monde
économie
LA REUNION DES PAYS IMPORTATEURS DE PETROLE A CARACAS


Le rituel


Chaque année, à quelques jours de Noël), les dirigeants de la plupart des pays du monde attendent avec inquiétude la réunion des ministres du pétrole de l’ OPEP et s’ interrogent sur l’ éventualité d’ une augmentation du prix du "brut". C’ est devenu un rituel.


Dès le mois de novembre quelques compagnies pétrolières, parlant sur une hausse, ont accru leurs achats, redonnant de la vigueur à un marché bien terne. Puis ont commencé le chassé-croisé des diplomates et la litanie des déclarations : les Américains, pour rappeler que tout relèvement des prix du pétrole de 5% signifierait un ralentissement de la croissance de 0,3% dans les pays industrialisés et une accentuation de l’ inflation de l’ ordre d’ un demi-point ; certains pays du tiers-monde, pour clamer que leurs économies - fort endettées - avaient besoin de souffler ; enfin, les responsables des pays membres de l’ OPEP, pour manifester leur choix.


Leurs critères de décision sont connus, mais ils évoluent chaque année. Qu’ en est-il à la veille de la réunion de Caracas qui doit débuter le 20 décembre ?


Les partisans d’ une hausse (la Libye, l’ Irak et, à un degré moindre, l’ Algérie, l’ Indonésie, le Nigéria et le Venezuela) continuent à juste titre de se plaindre de l’ inflation dans les pays industrialisés, donc d’ un renchérissement de leurs produits manufacturés, qui doit être compensé, et ce d’ autant que le dollar - monnaie imposée pour toutes transactions pétrolières - n’ a cessé de s’ effriter.


De plus, les pays pétroliers les plus durs mettaient pour condition à leur modération les concessions que devraient faire les pays riches pour la constitutions d’ un fonds commun de stabilisation des matières premières. Or la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), consacrée en novembre à ce sujet, a échoué.


Enfin, est souvent développée l’ idée qu’ une augmentation régulière des prix est nécessaire pour préparer les pays industrialisées aux difficultés d’ approvisionnement qui ne manqueront pas d’ intervenir dans les dix ans.


Les pays favorables au blocage des prix ne manquent pas non plus d’ arguments. En premier lieu, l’ état de l’ économie mondiale : la crise dure, et partout la croissance faiblit. Une hausse des prix du pétrole accroîtrait donc les difficultés des pays consommateurs et ralentirait la demande. Une hausse du pétrole, qui accentuerait le déficit commercial des Etats-Unis - premier importateur de "brut" dans le monde - ne pourrait, de surcroît, qu’ accentuer la baisse du dollar.


La tenue du marché plaide également en faveur de la modération. Les pays membres de l’ OPEP ont dû consentir de forts rabais, et, malgré une légère reprise à l’ approche de la réunion de Caracas, la saturation des terminaux et des cuves de stockage ne se dément pas, particulièrement pour les pétroles légers d’ Afrique. Voilà qui risque de reposer la question des différentiels de qualité qui n’ avait pu être résolue lors de la conférence de Stockholm, alors que l’ action de l’ Arabie Saoudite, pour faire baisser les prix du pétrole lourd, a entraîné une surcote et donc une mévente des bruts légers. La résolution de ce problème est d’ autant plus importante que nul ne s’ attend à une reprise rapide de la consommation et que l’ arrivée des pétroles de la mer du Nord, du golfe du Mexique et de l’ Alaska a provoqué une baisse de la part de marché de l’ OPEP. Certains pays pourraient être enclins à une surenchère pour maintenir leurs ventes.


Enfin, les pays exportateurs ne peuvent ignorer les difficultés du tiers-monde. Alors qu’ avant la guerre du Kippour et le quadruplement du prix du pétrole le déficit commercial des pays en voie de développement - hors OPEP - était de 6 milliards de dollars, il atteignait 22 milliards de dollars dès 1974, 32 milliards en 1975 et a dépassé 20 milliards en 1976 et 1977. Et leur endettement serait proche désormais de 200 milliards de dollars. Cette aggravation est due pour partie au pétrole. Malgré la générosité de certains pays du Golfe (l’ OPEP aurait distribué 8,8 milliards de dollars en 1976 par divers canaux, selon le directeur général de son fonds spécial, M. Shihata), prêts et dans n’ ont pu intégralement compenser un tel déficit.


Forts de l’ arrivée en leur rang de l’ Iran, les pays modérés, qui produisent les deux tiers du pétrole de l’ OPEP, peuvent imposer leurs vues. Mais la fixation des prix doit faire l’ unanimité et nul ne semble désireux de recommencer l’ expérience du double prix instauré à Doha, il y a un an. Si les partisans d’ un gel des prix ne veulent pas céder et refusent d’ accepter une légère hausse (5%) il restera possible, pour éviter qu’ une trop grande amertume des minoritaires ne remette en cause la cohésion de l’ Organisation, de repousser toute décision de six mois, comme le suggère le ministre koweïtien du pétrole. Un blocage qui ne dirait pas son nom.


BRUNO DETHOMAS.


Pour maintenir la cohésion de l’ OPEP
la décision sur les prix du pétrole pourrait être reportée


nous déclare le représentant koweïtien


M. Abdul Mouttaleb Al Kazemi, ministre du pétrole du Koweït, a assisté, le 17 décembre, au lancement d’ un méthanier construit pour son pays par les Chantiers de La Ciotat (voir d’ autre part). Il arrivait de Bahrein où il a participé avec les ministres du pétrole des pays arabes à une réunion de l’ OPAEP et a quitté Paris dimanche soir pour Caracas, où il assistera à la Conférence de l’ OPEP Les treize pays membres de l’ OPEP sont les suivants : Algérie, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Equateur, Gabon, Indonésie, Irak, Iran, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar, Venezuela. . Les réserves pétrolières du Koweït le place au troisième rang mondial derrière l’ Arabie Saoudite et l’ U.R.S.S.


- Quelle position adoptera le Koweït sur les prix du pétrole ?


- Laissez-moi résumer la situation actuelle. Plusieurs pays, dont l’ Arabie Saoudite et l’ Iran, ont annoncé être favorables à un gel des prix. D’ autres, comme l’ Irak et la Libye, ont manifesté leur volonté de voir les prix augmenter. D’ autres enfin, dont le Koweït, n’ ont rien dit. Nous pensons en effet que cette mesure doit faire l’ objet d’ une discussion commune. Ce n’ est qu’ après avoir entendu chaque point de vue que nous pourrons formuler une décision unanime.


Certains des pays membres de l’ OPEP, comme l’ Indonésie, l’ Algérie ou le Gabon, sont en voie de développement. Ils ont mis en place une planification et ont des besoins d’ argent pour financer leur plan. Or ils ne peuvent accroître leur production pétrolière. Leur seul moyen de compenser l’ inflation "importée" réside dans une hausse des prix.


D’ autre part, le pétrole est payé en dollars, et en ce moment le dollar baisse. Nos revenus en sont affectés et il est normal que nous protégions notre pouvoir d’ achat.


D’ un autre côté nous avons une responsabilité vis-à-vis de l’ économie mondiale. Nous devons rechercher avec attention la solution la meilleure pour les pays consommateurs. Mais que veulent-ils ? Une énergie à bon marché à notre détriment ou un prix acceptable par tous ? De plus, quelle est la solution la meilleure : une augmentation faible et régulière chaque année ou dans trois ou quatre ans ? Un relèvement des prix de 50, 100 ou 200% ? Le choc de 1973-1974 a été difficile à digérer par les économies occidentales. Qu’ en serait-il d’ un nouveau choc ? Je pense qu’ il est donc meilleur pour tout le monde de convenir d’ une hausse raisonnable qui maintienne le pouvoir d’ achat de nos revenus.


Il faut dire aussi quelques mois du dialogue Nord-Sud. Dans quelle mesure les pays industriels sont-ils prêts à accepter le transfert de technologie ? Il me semble que quelques pays ne tiennent nullement à parvenir à un accord sur ce sujet. Nous devons avoir un rôle moteur dans ce dialogue.


Tels sont les principes fondamentaux sur lesquels doit s’ appuyer toute décision de l’ OPEP. Que les prix soient gelées ou non, cela n’ a pas une énorme importance pour le Koweït. Mais nous tenons à l’ unité de l’ OPEP. Nous avons toujours tenté de rapprocher les extrêmes, et désirons conserver ce rôle. C’ est pourquoi nous écouterons les avis de chacun et déciderons ensemble. Si choisi, nous accepterons le blocage. Sinon, nous chercherons la solution qui permettra de maintenir l’ OPEP unie.


Vous n’ avez pas parlé des négociations de paix égypte-israélienne. Peuvent-elles influencer vos discussions ?


- Non, je ne le crois pas. Nous nous attachons surtout aux questions économiques.


- Qu’ attendez-vous alors de la réunion de Caracas ?


- Comme je vous l’ ai dit, il est très important de parvenir à un accord. Nous avons été affectés par la scission de Doha, et une nouvelle crise serait fort préjudiciable à l’ OPEP. Je pense donc qu’ une solution pourrait être trouvée dans le report de la discussion sur les prix de pétrole à notre prochaine réunion Les ministres du pétrole se réunissent régulièrement tous les six mois. . Nous devons aussi entendre le rapport du secrétaire général, confirmer les gouverneurs dans leurs postes, examiner les valeurs relatives des différents "bruts", le budget et les candidatures des nouveaux membres. D’ ailleurs, pour écarter les prix de l’ ordre du jour, il suffit d’ une majorité de sept membres. C’ est sans doute la meilleure solution pour éviter une nouvelle scission.


Le Koweït a souffert ces derniers mois de la politique des prix imposée par l’ Arabie Saoudite sur les pétroles lourds. Pensez-vous résoudre à Caracas cette question qui n’ a pu trouver de réponse à Stockholm ?


- Nous souffrons en permanence. Et nous avons été obligés pour garder nos clients de leur promettre une remise de 10 cents par barils s’ ils tenaient leurs engagements contractuels jusqu’à la fin de 1977. Alors que la demande est faible, nous voulons garder une production de 2 millions de barils par jour. Descendre au-dessous de ce seuil plusieurs mois consécutifs poserait des problèmes à notre économie Nous avons besoin du gaz associé au pétrole pour notre électricité et ne disposons que d’ une seule qualité de pétrole. J’ espère que ce problème critique trouvera une solution à Caracas, car les autres pays membres ont compris, je crois, notre position.


- Votre production a décliné de 3,3 millions de barils par jour en 1972 à 1,85 millions de barils par jour cette année. Est-ce délibéré ?


- Oui. Lorsque nous avons fixé la production à 2 millions de barils par jour, nous avons dit que le pétrole devait servir aux générations futures. Mais, en deux mois, nous pouvons faire passer la production à 4 750 000 barils par jour.


- Le ferez-vous si les pays industrialisés en ont besoin ?


- Vous le savez, la demande actuellement est plutôt faible. Mais à l’ avenir le Koweït n’ ignorera pas les besoins des pays consommateurs.


- Vous étiez en France pour le lancement du premier méthanier construit par des chantiers navals français pour le Koweït. Quelles peuvent être les relations économiques franco-koweïtienne ?


- Notre stratégie a toujours été d’ avoir de bonnes relations avec la France. Nous n’ en avons pas changé. Nous sommes prêts à réaliser un accord à long terme avec le gouvernement français pour la vente du pétrole. Les chantiers de La Ciotat construisent pour nous trois autres méthaniers. Et si nous n’ avons pas d’ autre projets précis, nous sommes disposés à étudier toute association avec la France, à l’ étranger comme en France.


Propos recueillis
par B. D.

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