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U-003-112 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-112

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  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















vu 13.5.77

LES NOUVELLES SOURCES
LA COURSE AU NUCLÉAIRE


Les Britanniques trottinent mais les Allemands galopent


par XAVIER WEEGER et MARC AMBROISE-RENDU


Les principaux pays du monde sont aujourd’hui lancés dans la course à l’énergie nucléaire : et l’industrie atomique mondiale reste, pour quelque temps encore sous la domination américaine. Aux États-Unis, cependant, le rythme de construction des centrales a considérablement fléchi, notamment pour des raisons économiques, liées à la montée de la contestation écologique. Et l’industrie attend encore les garanties gouvernementales qui devraient lui permettre de repartir de l’avant ( le Monde des 11 et 12 mai).


"La Grande-Bretagne est une des premières puissances nucléaires civiles du monde" Même dans la bouche d’un spécialiste britannique des questions nucléaires, cette affirmation peut surprendre. Le Royaume-Uni ces dernières années, est resté largement à l’écart des puissants feux de l’ "actualité nucléaire" pas de contestation "écologique" bruyante, pas d’exportations impressionnantes ou contestées, comme celles de l’industrie française en Afrique su Sud ou au Pakistan, ou de l’Allemagne fédérale au Brésil.


C’est que cette puissance nucléaire (33 réacteurs, 8380 MW) semble avant tout appartenir au passé, même si, recourant pour environ 13 % à la fission atomique, l’électricité britannique est encore aujourd’hui une des plus "nucléaires" du monde.


Reflet du particularisme britannique ? Contre vents et marées le Royaume-Uni est avec la Canada, l’un des rares pays développés à avoir jusqu’ici échappé à la tentation de s’aligner, comme le France l’a fait dans les années 60, sur la technique américaine.


En octobre 1956, la première grande centrale au monde à produire de l’électricité est britannique : installée à Calder-Hall, d’une puissance électrique de 200 MW, elle réunit quatre réacteurs du type "graphite-gaz" très voisins de ceux développés peu après dans la filière française.


Mais les arguments qui ont emporté l’adhésion du gouvernement français, et lui ont fait adopter les techniques américaines à eau légère, n’ont pas eu d’effet outre-Manche, on a bien essayé de lancer une nouvelle filière, utilisant l’eau lourde (Steam Generating Heavy Water Reactor - S.G.H.W.R.) et proche de la filière canadienne CANDU. En dépit du succès technique d’un réacteur de 100 MW, cette filière est aujourd’hui pratiquement écartée.


L’effort a été poursuivi en revanche, sur la filière britannique et a conduit à la mise au point de l’Advanced Gascooled Reactor ( A.G.R.), qui utilise de l’uranium enrichi à 2 % au lieu d’uranium naturel, cinq réacteurs de ce type (deux fonctionnent déjà) sont en cours d’achèvement.


Mais cette intense activité industrielle ne doit pas faire illusion, elle cache, pour l’avenir des carnets de commande désespérément vides et c’est avec une certaine amertume que certains responsables font remarquer qu’il n’y a pas eu de centrale commandée depuis... 1971.


C’est que la situation énergétique et économique a bien changé depuis dix ans toutes les prévisions de consommation, en raison notamment de la crise économique qui a durement frappé et frappe encore le Royaume-Uni, ont du être considérablement rabaissées. Les extrapolations optimistes - sur lesquelles on s’était notamment appuyé en cours d’achèvement - ont conduit à une situation curieuse... mais confortable, pour les responsables des deux compagnies publiques d’électricité Central Electricity Generation Board et south of Scotland Electricity Board ; la capacité électrique installée est supérieure de 40 % aux besoins !


La découverte des gisements de gaz et de pétrole de la mer du Nord a complètement brouillé les cartes. Et, comme dans bien d’autres pays industrialisés (Allemagne fédérale et surtout États-Unis), on regarde d’un oeil nouveau les immenses réserves domestiques en charbon, qui pourraient durer plus de deux cent ans au rythme actuel d’extraction de 125 millions de tonnes par an.


L’ Allemagne fédérale n’en est pas pourtant à construire ses premières centrales nucléaires, elle possède déjà un "parc" installé de douze réacteurs de 6 740 MW (soit le double de la capacité française), et deux nouveaux réacteurs à eau légère du type BWR (à eau bouillante) et de 1 800 MW de puissance totale doivent démarrer au cours de cette année.


Jusqu’en 1955 pour des considérations politiques compréhensibles, la République fédérale d’ Allemagne a été "interdite d’atome". Mais dés la levée de cette interdiction - levée limitée au domaine civile - elle met les bouchées doubles, bien que, désormais fidèle au libéralisme économique et au fédéralisme, elle ne juge pas utile de se doter d’un organisme central de recherches nucléaires comparable au C.E.A. français ou à l’A.E.A. britannique. Dés 1956 une série de plans quinquennaux - le quatrième, 1972-1977, est en cours - tendent à essayer de réduire la dépendance énergétique du pays vis-à-vis des pays tiers d’où il importe 50 % de ses besoins. Et le gouvernement fédéral crée un ministère de l’énergie nucléaire, devenu plus tard ministère de la recherche et de la technologie, lequel finance une part des recherches.


L’industrie allemande de l’atome se caractérise cependant par le dynamisme des entreprises privés. Les deux groupes industriels qui mènent la danse, A.E.G. - Telefunken et Siemens prennent respectivement des licences auprès de Général Élec (filière à eau bouillante : B.W.R.) et de Wistinghouse (filière à eau présurisée : P.W.R.). Ces deux sociétés fondent en 1969 une filière commune, Kraftwerke Union, qui emploie plus de douze mille personnes. En proie à des difficultés financières, A.E.G. se retirera au début de 1977 et laissera Siemens maitre du jeu.


K.W.U. est aujourd’hui le troisième constructeur mondial de centrales nucléaires, le premier en Europe, grâce à une politique forcenée d’exportations : en 1972, l’industrie Allemande avait déjà vendu des réacteurs en Argentine, aux Pays-Bas et en Autriche. En octobre 1974, le chancelier Schimdt signe à Moscou un accord prévoyant la vente à l’ Union soviétique d’une centrale que K.W.U. aurait construite à Kalinigrad. L’ U.R.S.S. aurait payé "en nature" - en courant électrique qui aurait transité vers Berlin-Ouest par la Pologne et la R.D.A., - les États-Unis mettent leur véto.


Enfin, cette politique d’exportations à outrance trouve son point culminant avec le " marché nucléaire du siècle" que la R.F.A. conclut en juin 1975 avec le Brésil, et qui prévoit la livraison par K.W.U. de huit centrales, d’une usine d’enrichissement et d’une installation de retraitement. Ce contrat sera très vraisemblablement honoré, en dépit de l’opposition affichée des Américains pour ce qui concerne sa partie de retraitement.


40 milliards de francs de commandes


Au total, avec ces contrats et d’autres (l’ Iran par exemple), le groupe allemand a actuellement en poche pour près de 40 milliards de francs de commandes.


Au développement foudroyant et commercialement agressif de l’industrie électronucléaire répond répond cependant, depuis 1975, une contestation non moins agressive. Alors que rien ne l’avait laissé prévoir, elle démarre en février 1975 sur le site de Wyhl (Bade-Wurtemberg) dans la vallée du Rhin. Avec l’aide des Français et des Suisses, les comités d’environnement et les vignerons occupent le site, ils en sont brutalement chassés par la police et - événement incroyable dans cette Allemagne où l’on respecte l’autorité - réoccupent le chantier et s’y maintiennent pendant deux mois, chaque village des environs assurant un tour de garde. Les manifestants n’évacuent qu’avec la garantie que les travaux seront stoppés jusqu’au jugement du tribunal administratif de Fribourg.


En novembre 1976, c’est à Brokdorf, près de Hambourg (Schlessing-Holstein), que se porte la contestation huit mille manifestants sont une nouvelle fois victimes de brutalités policières. Un mois plus tard, le tribunal administratif de Kiel ordonne de stopper les travaux à Brokdorf jusqu’à ce qu’une solution satisfaisante ait été trouvée pour les déchets radioactifs.


En février 1977, quinze mille personnes manifestent contre un projet de centrale à Grohnde (Basse-Saxe). Le même mois, le tribunal administratif de Fribourg après s’être transporté sur le site et avoir organisé des auditions publiques ("hearings" à l’américaine) - procédure unique en RFA - interdit la construction de la centrale de Whyl qu’il considère comme insuffisamment sûre.


La contestation, qui s’exprimera encore, en mars, contre le projet d’usine de retraitement à Gorleben (Basse-Saxe), s’appuie sur deux éléments : les comités de citoyens - Burgerinitiatives - très actifs dans le domaine de l’environnement, et des groupes politiques maoïstes, souvent violents.


Les prévisions ruinées


Les opposants sont cependant moins isolés aujourd’hui. Après avoir été nettement dépassés par les évènements, les partis ne peuvent plus se désintéresser de la contestation : à Brokdorf, la fédération locale du parti social-démocrate, les jeunes socialistes et les jeunes démocrates (proches des libéraux) ont appelé à manifester.


Même le pouvoir politique commence à prêter l’oreille : "les citoyens doivent être consultés" affirme le ministre du travail de Rhénanie-Wesphalle, tandis que son collègue de l’intérieur estime qu’ " il faut faire une pause dans le nucléaire". Et jusqu’au ministre fédéral de l’environnement, M. Maihofer, qui pense qu’ " il faut faire une pause jusqu’à ce qu’on ait trouvé une solution au retraitement et au stockage des combustibles irradiés".


Est-il pour autant possible de ralentir le programme nucléaire ? Le chancelier Schimdt, le ministre fédéral de la recherche M. Matthofer, et le ministre fédéral de l’économie, M. Friderichs, sont convaincus du contraire.


Pourtant les prévisions de ces dernières années ont pratiquement été ruinées par des problèmes financiers, et surtout, par la contestation antinucléaire et les décisions des tribunaux. En 1974 le ministre de l’industrie prévoyait pour 1985 quarante réacteurs de 45 000 MW installés dés novembre 1976, M. Friderichs ne comptait plus que sur trente-cinq réacteurs et 35 000 MW.


Ce qui n’empêche pas le gouvernement fédéral, suivi d’ailleurs - d’après un sondage publié en février dernier par " Der Spiegel " - par plus de la moitié de la population de voir dans le nucléaire la seule solution pour demain ; plus même, le développement des surrégénérateurs et le recours au retraitement sont, dans l’esprit du gouvernement, des options irrévocables l’Allemagne construit, en collaboration avec la Belgique et les Pays-Bas, un surrégénérateur de 280 MW et participe à la réalisation du projet français Super-Phénix. . Bien des indices montrent cependant que le temps des incertitudes est venu : le S.P.D. ne vient-il pas, à l’instar des gouvernements américains et suédois d’entamer une réflexion sur la politique énergétique ?

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