TAIBOUT 59-58
50-40

LE DIRECTEUR

13, BOUL . HAUSSMANN

PARIS - IX e

le 20 décembre 1969

S. E. Monsieur Hamani Diori
Président de la République du Niger
Niamey

photo faite

Monsieur le Président,

Monsieur Boissier-Palun vient de téléphoner pour la seconde fois à Philippe Decraene en lui disant qu’il revenait de Niamey où il avait vu le Président Diori, et en lui faisant entendre que, d’ordre du Chef de l’État nigérien, il voulait arriver à un "arrangement" avec lui.

Philippe Decraene souhaite de tout cœur avoir mal compris et essaie d’échapper aux invitations pressantes de M. Boissier-Palun. J’ai rassuré Decraene en lui disant qu’il avait certainement mal compris, que si même M. Boissier-Palun lui faisait une proposition malhonnête quelconque, ce n’était certainement pas à la demande du Président Diori.

Je vous transmets tout cela en vous priant instamment d’en garder le caractère strictement confidentiel, sous peine de perdre la confiance de Philippe Decraene, qui est totalement acquis à la cause du Niger.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments dévoués.

P. S. Veuillez trouver, ci-joint, la photocopie d’une page du volumineux rapport Pearson, et qui apporte de l’eau au moulin de la Route de l’Unité.

N° 517
(J. S. 220372.)


PARIS 108. BD HAUSSMANN (99)

Montant de l’affranchissement Étiquette n° 510 ou 510 bis
Signature de l’agent

22 XII ??? 12h 000 LR 902


contre-remboursement nature de l’objet

à remplir par l’expéditeur à l’encre, sans rature, ni surcharge


DESTINATAIRE : M Maï Maïgana
résidence République
à Niamey

ATTENTION : INDIQUEZ VOS NOMS ET ADRESSE SUR L’OBJET. Vous
éviterez qu’il soit transmis au service des rebus en cas de non-distribution.

N° 517
(J. S. 220372.)

PARIS 108. BD HAUSSMANN (99)

Montant de l’affranchissement Étiquette n° 510 ou 510 bis
Signature de l’agent

22 XII ??? 12h 000 LR 903

contre-remboursement nature de l’objet

à remplir par l’expéditeur à l’encre, sans rature, ni surcharge

en particulier, étaient devenus beaucoup plus tributaires de sources extérieures de capitaux et de personnel qualifié que d’autres régions du monde en voie de développement. Les succès obtenus ont été très inégaux et varient considérablement suivant les pays. En général l’africanisation des postes administratifs et des emplois de bureau a mieux réussi que celle des techniciens ou des membres des professions libérales et elle s’est révélée plus facile dans l’agriculture que dans le commerce et l’industrie. Cependant dans de nombreux pays, en particulier en Afrique centrale et orientale, la nécessité d’allier une africanisation rapide à une croissance satisfaisante a soulevé des problèmes très difficiles à résoudre.

La plupart des pays en voie de développement d’Afrique se sont efforcés de définir leur orientation future en combinant les idéologies occidentales avec leur propres organisations politiques originales, souvent caractérisées par le parti unique. Une place prépondérante est faite partout à une répartition plus égalitaire des revenus (au moyen d’une fiscalité progressive, d’une réforme agraire, de services sociaux plus nombreux et de salaires minimum garantis) ; en même temps, les pouvoirs publics jouent un rôle économique important qui est souvent défini par référence à une conception du socialisme spécialement adaptée (par exemple le << Socialisme africain >> du Kenya, le << Socialisme démocratique et coopératif >> de la R. A. U., le << Socialisme du Néo-Destour >> de la Tunisie, le << Socialisme compétitif >> de l’Ouganda et le << Socialisme scientifique >> du Congo (B). Cette conception égalitaire ne consiste pas seulement dans l’esprit des réformateurs, à accroître la compétence du secteur public et à limiter avec soin le rôle de l’entreprise privée, mais aussi à apporter l’égalité entre les régions géographiques d’un même pays qui coïncident souvent aussi avec des territoires tribaux. Cette attention portée à l’équilibre régional est une nécessité politique et économique pour les pays d’Afrique dont beaucoup ne sont que le résultat d’amalgames récents de groupes ethniques, linguistiques et religieux différents. De même l’ouverture de l’arrière-pays, l’établissement de liaisons entre la capitale et les parties reculées du pays, l’extension des réseaux de transports et de communications, les déplacements de populations des régions surpeuplées vers celles à faible densité où d’importantes ressources sont mises en valeur, constituent également des aspects économiques essentiels de l’effort vers l’intégration politique.