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C-070-002-001 - NOTES - classeur C - Fonds d'archives Baulin

C-070-002-001

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    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















Nouvelle Agence de Presse
5, rue des Pyramides
PARIS 1er


NAP - 253


20.1.1969

POUR METTRE EN VALEUR LA FORÊT MALGACHE
"LES GRANDS MOULINS DE DAKAR" POSENT LEURS CONDITIONS


Une partie de l’opinion de Tananarive
trouve le "G.M.D." trop gourmands


N.A.P. - L’année économique malgache s’est terminé sur un évènement capital : une conférence de presse du président du groupe des Grands Moulins de Dakar, M. Mimran qui doit investir 7 milliards de francs dans la forêt malgache depuis 1964. D’une part cette affaire a pour origine l’accord le plus important jamais réalisé par l’État malgache avec une société privée et, d’autre part, c’était la première fois qu’un homme d’affaire convoquait la presse tananarivienne pour s’expliquer sur ses intentions réelles. Il n’en fallait pas plus, après la campagne faites régulièrement par les journaux d’opposition de Tananarive contre les Grands "Malins" de Dakar, pour donner à la réunion un caractère assez tendu.


Que reprochait-on à M. Mimran ? D’avoir exigé des monopoles d’importation en contrepartie d’un hypothétique investissement de plusieurs milliards, destiné à mettre en valeur une richesse en friche : la forêt primaire du nord-est de la Grande Ile. En deux mots, on estimait malhonnête de sa part de vouloir déverser sur Madagascar l’argent qu’il y aurait gagné ! Et les chiffres de grossir avec les passions : on avançait plus d’un milliards CFA de bénéfices nets réalisés par M. Mimran depuis qu’il a l’exclusivité de l’ importation de la farine


( Les Grands Moulins ... 2)


Le président des G.M.D. s’est expliqué sur tout cela, pendant plus de deux heures, avec un calme souvent contenu.

Du sucre contre de la farine


La farine ! En 1964, M. Mimran obtenait en contrepartie de ses premiers placements forestiers, sinon un monopole de droit, du moins un monopole de fait sur la totalité des importations de froment pour la consommation malgache, soit environ 25.000 tonnes par an. Dès l’accord signé, le prix de la farine, qui provenait évidemment des Grands Moulins de Dakar, faisait un bond de 11 francs au kilo. De là à en conclure, après quatre ans de négoce, que M. Mimran avait fait plus d’un milliard de bénéfices sur le consommateur malgache, il n’y avait qu’un pas.



C’est du culot, car
la canne à sucre zst
produite sur place
tandis que le blé
zst importé

M. Mimra pour se justifier, est revenu en arrière. L’importation des farines en provenance du Sénégal n’est enfait qu’une contrepartie de l’accord sucrier de l’ OCAM.  En effet, le Sénégal achète fort cher le sucre de Madagascar qui, de son côté, s’approvisionne en farine à Dakar, au prix pratiqué. Il est certain que ces deux produits, s’ils étaient importés hors des contingences d’un marché, c’est-à-dire aux cours mondiaux, reviendraient bien moins chers. M. Mimran por réaliser des bénéfices substantiels sur la farine avait misé, dit-il, sur une baisse du prix du grain, baisse qui n’est pas encore arrivée. Il avoue donc, comme bénéfices durant cette période : "175 millions CFA dont 111 millions de bénéfices industriels réalisés à Dakar et 63 millions seulement sur la commercialisation à Madagascar. Tous les dossiers, a-t-il dit, sont à la disposition des intéressés..."

Dumping pour couler une concurrence


Le ciment ! Nous sommes, à peu de chose près, en présence du même scénario que pour la farine, si ce n’est que rien n’est encore décidé et conclu. De quoi s’agit-t-il ? M. Mimran se propose d’importer à Madagascar du clinker (ciment semi-travaillé), de créer une cimenterie modèle à Tamatave (le plus gros port de Madagascar sur la côte est, et de vendre ce matériau à un prix défiant toute concurrence : 450 francs le sac de 50 kilos contre 700 francs environ actuellement ! pourquoi cette générosité commerciale qui ne


(Les Grands Moulins... 3)


s’apparente pas aux intentions "sauriennes" que l’on prête volontiers aux G.M.D. ? Tout simplement parce que M. Mimran doit vaincre, pour le ciment, une entrepris locale
 : la cimenterie d’Ambanio qui produit une partie seulement du ciment consommé à Madagascar, après avoir eu, il y a quelques années, de nombreux déboire techniques. Et c’est au moment où cette usine l’une des plus importantes de la Grande Ile est parvenue au terme de sa période de rodage que l’on parle de la fermer.


M. Mimran, en effet, lui, se propose de couvrir la totalité des besoins malgaches en ciment, production de plus de 120.000 tonnes, qui lui permettra de pratiquer un prix de "dumping" pour couler sa concurrente. Où l’affaire devient assez délicate, c’est lorsque l’on sait que la réserve de calcaires de la région de la Majunga est quasi-inépuisable et que la cimenterie d’Ambanio bénéficie de la protection de l’État sous forme notamment d’une caisse de péréquation alimentée par une taxe frappant les ciments d’importation. Alors, pourquoi condamner cette industrie locale ? "Au nom de la libre concurrence" affirme M. Mimran.

Un mécanisme d’horlogerie


Pour justifier ses nombreuses exigences économiques et commerciales, le président des G.M.D. compare la " fantastique entreprise " qu’il doit créer à Madagascar à un mécanisme d’horlogerie. La farine, le ciment mais aussi le chaix à vins et le futur moulin sont les rouages d’un ensemble bien cohérent qui doivent, dans quelques années, rentabiliser l’exploitation de la forêt malgache, particulièrement ingrate. Pour assurer la viabilité de son affaire forestière, M. Mimran doit créer un équilibre de fret maritime dans les deux sens Europe-Madagascar. A la remontée, les grumes de bois brutes ou déjà travaillées permettront amplement de remplir les navire des Grands Moulins de Dakar. Mais à la descente ? C’est la condition vitale de toute l’entreprise : il faut abaisser au maximum le coût du fret en remplissant également les cargos à la descente. C’est pourquoi M. Mimran comme exutoire logiques des produits qu’il transportera dans le sens Europe-Madagascar, prévoit de créer plusieurs complexes industriels. Et ces industries dans un pays en voie de développement comme Madagascar ne sauraient être mises en compétition avec d’autres industries analogues.


( Les Grands Moulins ... 4 )

Un travail de Romain


Et la forêt dans tout cela ? Depuis 4 ans, elle est systématiquement prospectée dans le Nord-Est de Madagascar. Les prospecteurs, les ingénieurs ont rencontré des difficultés telles que le recensement des essences intéressantes n’a pas pu se faire plus rapidement. A la fin de l’année 1968, M. Mimran a annoncé qu’un milliard 122 millions F.M.G. , dont 369 millions de salaires et charges diverses et 446 millions de matériels, avaient été investis uniquement pour la forêt.


Avant de se lancer dans l’exploitation des essences les plus intéressantes, M. Mimran ne veut rien laisser au hasard. Il a décidé de recenser un par un chaque arbre sur les 191.112 hectares que comporte son permis d’exploitation. La position, la hauteur et le diamètre de chaque arbre sont notés sur des fiches spéciales, la position est reportée ensuite sur des cartes au 10.000 ème. Pour dégrossir ce "travail de Romain", précise M. Mimran, qui se fait à pied dans la forêt, la frondaison est photographiée par avion à l’nfra rouge et les documents en couleurs sont analysés en Suisse dans un laboratoire spécialisé. Cette méthode permet de diriger les équipes au sol sur les périmètres forestiers les plus intéressants. Pour effectuer cette prospection, les Grands Moulins de Dakar disposent de deux hélicoptères, d’un avion léger et d’un caboteur. Parallèlement à la prospection, s’organise également l’infrastructure - construction de routes, de ponts et de camps fixes - dans une région montagneuse.


On comprend, dans ces conditions, que la prospection soit lente et l’exploitation proprement dite de l’or vert malgache encore tributaire des résultats complets de cette étude. Par ailleurs, par rapport au bois d’Afrique ou d’Asie, les bois malgaches, selon M. Mimran, sont minuscules (hauteur utilisable de 5 à 8 mètres contre 25 et 30 en Afrique, diamètre inférieur à 60 centimètres contre plus de 100 en Afrique) raisons supplémentaires pour abaisser le coût du fret et obtenir les compensations d’industries satellites comme la farine et le ciment.


( Les Grands Moulins ... 5 )

Qui vivra verra


M. Mimran se propose d’aboutir le plus rapidement possible à un seuil d’exploitation minimum de 200.000 m3 par an. Tous les bois seront traités sur place et vendus aussi bien sur le marché local qu’à l’exportation, sous forme de produits finis et semi finis, et même les déchets devront être transformés en panneaux de fibres. En conséquence, l’ensemble industriel à créer de toutes pièces nécessitera un investissement d’environ 6 milliards CFA. Cette industrie du bois, lorsqu’elle sera une réalité, apportera quelque 5 à 6 milliards CFA à la balance commerciale malgache, qui en a sérieusement besoin. Par ailleurs, ce complexe industriel unique en son genre à Madagascar donnera du travail à environ 2.500 ouvriers.


Actuellement, la prospection des Grands Moulins de Dakar emploie sur le terrain de 1.200 à 1.400 malgaches et 40 cadres européens, dont les deux fils de M. Mimran qui font ainsi à Madascar leurs premières armes d’hommes d’affaires en débutant, comme il se doit, sur le ta. Pour l’instant, quatre bases d’exploitation sont en activité, réparties dans le nord de Madagascar. L’un d’elles, celle d’ Antsohihy, dans la région natale du président Tsiranana, est passée au stade de l’exploitation industrielle.

Le dernier mot au Parlement


En fait, le problème est celui d’une option fondamentale. C’est le première fois, en effet, que Madagascar et son gouvernement se trouvent placés devant un homme d’affaire qui sait parfaitement ce qu’il veut et ce qu’il veut. M. Mimran, désormais, s’est trop engagé dans son projet pour faire marche arrière. Il le sait. Il veut simplement convaincre de ses bonnes intentions. Mais le dernier mot appartiendra au Parlement malgache. C’est lui, en dernier ressort, qui décidera si le projet est intéressant pour la Grande Ile.

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